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Ferry (Jules)Père de l'enseignement public |
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Quel enfer ! Je m'en échappe, pour la première
fois
depuis dix jours, pour prendre les ordres du prince (1).
Je croyais
trouver au logis quelque lettre de toi, rien ! As tu aussi ta fournaise
? Mais non, le Mâconnais, vert de vignes naissantes, sourit
au
ciel et à son préfet. Mon domaine à moi, celui que tous m'envient, et que personne n'ose prendre, c'est celui de l'incendie et de la mort. Il m'était réservé d'être acteur et spectateur de drames plus horribles que ceux du siège, d'angoisses plus poignantes que celles de l'affreuse semaine où nous capitulâmes, et de voir luire un jour où toutes nos misères passées, toutes nos douleurs, tous nos calvaires, me sembleraient, à côté du présent, le royaume des cieux et le paradis des anges. Place-toi par la pensée aux rayons du soleil levant, en face de l'Hôtel de Ville flambant et fumant, sa façade éventrée, découronnée, déchirée, découpant, sur la fumée noire et la flamme pétrolée, le reste de ses pignons et le peu qui survit de ses statues. Une barricade se dresse entre les deux annexes, pétillant l'une et l'autre comme deux fagots d'épine ; nos soldats la tiennent tandis qu'en face, au pont Louis Philippe, le hideux drapeau rouge déploie son haillon sanglant, sur une barricade qui tire encore sur nous. (...) "
Lettre
du 2 juin 1871 à Charles Ferry
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" Jules Ferry, avocat sans le sou avant le 4 septembre, réussit comme maire de Paris pendant le siège, à tirer par escroquerie une fortune de la famine. Le jour où il aurait à rendre compte de sa mauvaise administration serait aussi celui de sa condamnation. " |
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Dans les écoles confessionnelles, les jeunes
reçoivent un
enseignement dirigé tout entier contre les institutions
modernes. [...] Si cet état de choses se
perpétue, il est
à craindre que d'autres écoles ne se constituent,
ouvertes aux fils d'ouvriers et de paysans, où l'on
enseignera
des principes totalement opposés, inspirés
peut-être d'un idéal socialiste ou communiste
emprunté à des temps plus récents, par
exemple
à cette époque violente et sinistre comprise
entre le 18
mars et le 24 mai 1871."
(Discours
de Jules Ferry au Conseil général des Vosges en
1879.)
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Statue de Jules Ferry à Tunis
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Inauguration du monument
Jules Ferry à Haiphong en 1904
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Statue de Jules Ferry à
Haiphong
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"
... Messieurs,
il y a un second point, un second ordre d'idées que je dois
également aborder, le plus rapidement possible, croyez-le
bien :
c'est le côté humanitaire et civilisateur de la
question.
Sur ce point, l'honorable M. Camille Pelletan raille beaucoup, avec
l'esprit et la finesse qui lui sont propres ; il raille, il condamne,
et il dit : " Qu'est-ce que cette civilisation qu'on impose
à
coups de canon ? Qu'est-ce, sinon une autre forme de barbarie ? Est-ce
que ces populations de race inférieure n'ont pas autant de
droits que vous ? Est-ce qu'elles ne sont pas maîtresses chez
elles ? Est-ce qu'elles vous appellent ? Vous allez chez elles contre
leur gré, vous les violentez, vous ne les civilisez pas. "
Voilà, Messieurs, la thèse. ; je
n'hésite pas
à dire que ce n'est pas de la politique, cela, ni de
l'histoire
: c'est de la métaphysique politique. (...) Et je vous
défie -permettez-moi de vous porter ce défi, mon
honorable collègue, Monsieur Pelletan - de soutenir jusqu'au
bout votre thèse, qui repose sur
l'égalité, la
liberté, l'indépendance des races
inférieures. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit sur les races inférieures. (...) Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.(...) Le parti républicain a montré qu'il comprenait bien qu'on ne pouvait pas proposer à la France un idéal politique conforme à celui des nations comme la libre Belgique et comme la Suisse républicaine ; qu'il faut autre chose à la France : qu'elle ne peut pas être seulement un pays libre ; qu'elle doit aussi être un grand pays, exerçant sur les destinées de l'Europe toute l'influence qui lui appartient, qu'elle doit répandre cette influence sur le monde, et porter partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes, son génie. "
(Débats
parlementaires, 28 juillet 1885. Cité dans : Le nationalisme
français, Raoul
Girardet, Ed. Seuil, 1983)
Texte complet : Site de l'Assemblée Nationale |
" Le
général Boulanger est un danger public pour le
dedans et
pour le dehors. Au dedans, il suit sa marche audacieuse et tapageuse,
appuyé sur la
presse d'extrême
gauche (2) ;
comme militaire,
c'est un politicien capable de tout ;
comme homme politique, c'est un soldat dépourvu de tout
scrupule. Il connaît à fond le
tempérament du pays
et la bêtise du parti républicain. "
Lettre
à David Raynal, 29 septembre 1886
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" Nous avons
enterré ce matin ce pauvre Henri Liouville. Il y avait une
grande foule de députés, de sculpteurs, de
médecins et de dames. La cérémonie a
duré
quatre ou cinq heures, car on a été à
l'église avant de monter à Montmartre. Spuller a
fait une
véritable oraison funèbre, il excelle dans ce
genre plein
d'onction. Brouardel a été un peu sec et un peu
court. Je
songeais, en suivant ce cortège, aux badauds qui
préconisent la séparation de l'église
et de
l'État. Un républicain, un libre penseur, un
matérialiste notoire, qui ne peut se passer de
prières
catholiques ! C'est, dans l'ordre individuel, le pendant de la
démarche de Goblet, président du Conseil et
partisan de
la séparation, demandant Notre-Dame à
l'archevêque
pour les victimes de l'Opéra-Comique. Il y a là
de quoi
rendre le prêtre bien fier, et nous plus modestes. Ce n'est
pas
à une puissance aussi forte, aussi respectée de
ceux-là même qui la renient, qu'on peut
raisonnablement
songer à laisser la bride sur le cou. Mais ne sommes-nous
pas un
parti de badauds, de déclamateurs ? acclamant Boulanger
-revanche- tout en gardant l'amour de la paix au fond du cœur
et
des moelles, mangeant du prêtre et nous en servant ? "
Lettre
à Madame Jules Ferry, 22 juin 1887
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"
J'ai lu avec
stupéfaction dans La
République
l'éloge du
Congrès des instituteurs. Avons-nous donc des yeux pour ne
point
voir ? Le sens gouvernemental est-il à jamais
retranché
de notre parti, ou est-ce le courage qui manque ? La cohue dont La
république admire la sagesse débute en insultant
Carrier (3),
qui ne se fait
accepter que par de nouvelles platitudes. Tout ce qu'il y a de révolte, d'orgueil envieux, de prétentions à gouverner l'État dans la minorité brouillonne et tapageuse d'une corporation honnête et modeste, éclate dans le tumulte et, ce qui est plus grave, apparaît dans les résolutions. De pédagogie, l'on en a cure ; on ne dit qu'un mot pour la forme. Mais les traitements, les retraites, les intérêts matériels, l'organisation " matérielle ", voilà le véritable objet vaguement entrevu par le plus grand nombre, à travers les préoccupations légitimes du pot-au-feu, habilement poursuivi par les meneurs. Une association " autonome " d'instituteurs par département, une fédération de toutes ces autonomies pour toute la France, sous la direction d'un comité exécutif formé par les instituteurs de la Seine, c'est-à-dire à la discrétion du conseil municipal de Paris : voilà ce qu'on a voté, et les républicains du gouvernement applaudissent et sourient ! Probablement aussi cette Chambre républicaine, qui a tenu à garder, par les préfets, le gouvernement des instituteurs, applaudira et sourira ! Est-ce candeur ? Eh bien ! Si Spuller laisse se constituer cette coalition de fonctionnaires, outrage vivant aux lois de l'État, à l'autorité centrale, au pouvoir républicain, il n'y a plus de ministère de l'Instruction publique, il n'y a plus d'inspecteurs, il n'y a plus de préfets, il reste une immense et formidable association, recevant de Paris son mot d'ordre et préparant, pour le compte du radicalisme parisien, les élections de 89. Tout cela est clair, on peut être complice de cette machination, il n'est pas permis d'en être dupe. Et pas un journal républicain pour dénoncer cette anarchie ! Et l'on va laisser aux cléricaux le rôle du bon sens, de l'esprit d'ordre et de discipline ! J'avoue que cela me coupe bras et jambes. J'en suis affligé et consterné. " Lettre
à Joseph Reinach, 11 septembre 1887
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